En résumé

Monstres de Marie-Ève Bélanger tisse deux trajectoires marquées par le passage dans le système de la DPJ.
Iris, ancienne enfant placée, est aujourd’hui mère et auteure. Elle vient de publier un livre sur son histoire : un témoignage inspirant et porteur d’espoir pour ceux qui n’ont jamais connu la réalité des foyers et familles d’accueil.
Moineau, quant à elle, navigue d’un foyer à l’autre, ballotée par un système en quête d’un endroit où « elle sera bien » — comprendre : un lieu où son dossier fera le moins de vagues, malgré les familles abusives et les violences subies.

Leurs récits s’entrelacent avec des extraits d’entrevues d’anciens jeunes de la DPJ, livrant une parole brute, lucide et bouleversante sur ce que signifie grandir dans ce système.

Distribution : 6 femmes, 3 hommes, 3 choeurs et plusieurs petits rôles
Nombre d’actes : 1
Nombre de scènes : 20

Jeunesse

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Famille

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Indépendance

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Bureaucratie

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Jeunesse 〰️ Famille 〰️ Indépendance 〰️ Bureaucratie 〰️

Mon avis

⭐⭐⭐⭐

J’ai beaucoup apprécié ma lecture de Monstres. Étant très peu familière avec la réalité de la DPJ (ma seule expérience se limitant à mon rôle d’enseignante, avec des signalements, des élèves placés et leurs familles) j’ai été profondément marquée par la violence de cet univers… pourtant si proche, juste derrière la porte de ma classe.

Ce qui frappe d’emblée, ce sont les témoignages authentiques de jeunes ayant vécu dans le système, qui livrent sans détour le avant, le pendant et l’après. La pièce rend également avec justesse l’anonymat et la saturation des services, notamment à travers le chœur des Josées, incarnation des travailleuses sociales à bout de souffle.

Entre théâtre documentaire et fiction sensible, Marie-Ève Bélanger et Marie-Andrée Lemieux brossent un portrait à la fois cru, touchant et déstabilisant, qui laisse une empreinte durable.

Réinvestissement pédagogique

Pendant ma lecture, j’ai longtemps hésité à vous présenter ce texte. Je repensais à certains de mes anciens contrats, où je ne me serais pas sentie à l’aise de l’aborder — par manque de ressources, mais aussi par sensibilité envers les élèves qui, dans nos classes, peuvent avoir vécu l’expérience du système de la protection de la jeunesse.

Puis, j’ai fait le parallèle avec le film Bagages de Paul Tom et Mélissa Lefebvre, qui explore la réalité immigrante des adolescents au Québec. Cette réalité peut être tout aussi violente qu’un passage à la DPJ… et pourtant, elle est abordée en milieu scolaire pour ouvrir la discussion. Alors, pourquoi pas celle-ci?

Si je ne connais pas assez la protection de la jeunesse, c’est peut-être aussi parce que je ne m’y suis pas suffisamment intéressée. Et j’imagine que mes élèves sont dans la même position. Le théâtre peut devenir ici un outil puissant : sensible, concret et esthétique, il permet de s’informer autrement. C’est pourquoi je vois une réelle pertinence à présenter ce texte en secondaire 4 ou 5, pour susciter échanges et réflexions, à condition de le faire dans un cadre sécuritaire et respectueux

J’ajouterais toutefois un avertissement de contenu : la pièce met en scène (et non seulement évoque) des situations de consommation et d’agression sexuelle. Libre à vous de couper, d’adapter ou de conserver ces passages intacts, selon votre contexte et votre confort pédagogique.

Afin de vous aider avec votre mise en bouche, le Théâtre Denise-Pelletier offre des cahiers pédagogiques ainsi qu’une page complète sur la production présentée sur leur scène à l’hiver 2025. Voici le lien vers la page : https://www.denise-pelletier.qc.ca/pieces/monstres/#show-single__prof

Savoirs essentiels du PFEQ qui peuvent être exploités par ce texte :

  • Analyse critique

  • Articulation du temps

  • Captation du son

  • Caractéristiques socioculturelles

  • Choix scénographique

  • Aire de jeu multiples

  • Composition vocale

  • Découpage de l’espace scénique

  • Dramatisation audio

  • Espace scénique

  • Jeu chorégraphique

  • Organisation de l’espace

  • Rythme

  • Symbolique

  • Voix hors-champ

🛠️ Organisation de l’espace, découpage de l’espace scénique et choix scénographique: En ouverture du texte, l’autrice présente le découpage scénique utilisé lors des représentations à l’hiver 2025. Rien ne vous empêche de le revisiter avec vos élèves : comment pourraient-ils réinventer l’arrimage entre les deux univers — celui d’Iris et celui de Moineau? Invitez-les à explorer différentes configurations, en jouant sur l’éclairage, les hauteurs, les zones de jeu et même le rapport au quatrième mur. Cet exercice permet d’aborder la scénographie comme un langage qui raconte autant que les mots.

🕺🏻 Jeu chorégraphique et le choeur: Le chœur des Josées, incarnation des travailleuses sociales, insuffle un rythme à la pièce et traduit à la fois l’acharnement et l’épuisement du personnel de la DPJ, tout en évoquant l’anonymat de celui-ci. Proposez à vos élèves un travail chorégraphique précis : synchronisation des déplacements, direction du regard, variations de tempo… Expérimentez avec le nombre de “Josée” sur scène pour observer comment la densité ou la rareté du groupe influence la perception du public. Cet atelier permet de développer cohésion, écoute et expressivité collective.

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