La ballade de Vipérine de Pascal Brullemans
En résumé
Le jour de son anniversaire, Vipérine se sent invisible.
Depuis la mort de sa grande sœur Fée, le silence a pris toute la place à la maison. Cette année, elle s’apprête à franchir un cap difficile : avoir 12 ans, et devenir plus vieille que Fée ne l’a jamais été.
Vipérine avance à contrecœur vers cet âge symbolique. Pour sortir de l’ombre de sa sœur et amorcer son propre chemin de guérison, elle décide d’entreprendre, à sa manière, un véritable adieu. Et si ses parents pouvaient, eux aussi, y prendre part?
Distribution : 1 homme (père), 4 femmes (Vipérine, Fée, mère et directrice d’école), 1 personnage neutre (narrateur omniprésent)
Nombre d’actes : 1
Nombre de scènes : 6
Mon avis
⭐⭐
J'avoue avoir acheté ce livre en pensant qu’il s’agissait d’une œuvre théâtrale. J’ai découvert par la suite qu’il s’agissait en fait du premier roman de Pascal Brullemans. Cela dit, malgré le format romanesque, on y retrouve des procédés et des traces claires du théâtre : dialogues soutenus, absence relative de descriptions, structure qui pourrait aisément être transposée sur scène. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai tout de même choisi de vous en parler : ce texte est facilement adaptable au théâtre.
Sur le fond, j’ai été touchée par le regard de l’enfant sur le deuil. Vipérine est un personnage lumineux, qui cherche désespérément à s’extirper de la noirceur dans laquelle la perte de sa sœur l’a plongée. Il est rare de lire un récit sur le deuil aussi frontal, raconté avec la sensibilité d’une jeune protagoniste.
Cependant, c’est surtout sur la forme que j’ai décroché. Le récit est parfois confus, notamment à cause des interventions d’un narrateur omniprésent, qui se révèle être un personnage… sans jamais l’être complètement. Est-ce une figure divine, une projection de l’auteur, une voix symbolique? Rien n’est clair, et cette ambiguïté m’a empêchée de m’ancrer pleinement dans la lecture, malgré mon âge adulte. Je m’inquiète de l’effet que cela pourrait avoir sur de jeunes adolescent.e.s, à qui l’œuvre est pourtant destinée.
Ajoutons à cela plusieurs codes narratifs qu’il faut maîtriser pour bien suivre l’histoire : le changement de couleur des pages selon le monde (vivants/morts), l’absence de descriptions entre les dialogues, la structure fragmentée… Cela demande une grande concentration et une certaine maturité de lecture.
Réinvestissement pédagogique
Reste que ce roman est ambitieux. Il pourrait faire une excellente base pour un projet d’adaptation théâtrale, à condition d’y retravailler les repères scéniques (didascalies, transitions, indices de temps et d’action). Le thème du deuil étant délicat, je recommande fortement de s’y engager en étant bien préparé.e, ou encore en collaboration avec l’enseignant.e de Culture et citoyenneté québécoise, notamment dans le cadre du volet « Entraide familiale et entre proches » du programme de secondaire 2.
Savoirs essentiels du PFEQ qui peuvent être exploités par ce texte :
Didascalies
Adaptation
Dialogue
Écriture dramatique
Écritures scéniques
Texte dramatique
Conventions théâtrales
Mise en scène
💭 Didascalies: Proposez aux élèves de repérer, dans le récit, tous les passages hors dialogues (descriptions, indications émotionnelles, gestes, ambiances) qui pourraient être transformés en didascalies dans une version théâtrale.
Demandez-leur ensuite de faire un tri :
Quels éléments sont essentiels à la compréhension de l’émotion, du rythme ou de l’action?
Quelles informations pourraient être coupées parce qu’elles alourdiraient inutilement une mise en scène?
Invitez-les à reformuler ces éléments sous forme de didascalies concises, comme dans une vraie pièce de théâtre (ex. : Vipérine traverse lentement la scène, le regard perdu).
📜 Conventions théâtrales: Choisissez un chapitre du roman et lisez-le en classe (ou en petits groupes). Demandez ensuite aux élèves de comparer ce texte à une œuvre théâtrale en se posant les questions suivantes :
Quelles similitudes observe-t-on dans la structure (dialogues, rythme, interaction entre personnages)?
Quels éléments évoquent le théâtre : monologue intérieur, apartés, échanges dynamiques, narrateur omniprésent, tension dramatique, symbolisme...?
Comment pourrait-on adapter ce passage en scène (choix de costumes, éclairages, jeu, espace)?
L’activité peut se prolonger en demandant aux élèves de réécrire un extrait sous forme de scène théâtrale, en intégrant les conventions étudiées.